Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison
ses déclarations d’après-procès déclenchent une nouvelle tempête judiciaire
Fabrice Tomazzy Chandor
Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison : ses déclarations d’après-procès déclenchent une nouvelle tempête judiciaire
Paris — Pour la première fois sous la Ve République, un ancien président de la République française est condamné à une peine de prison ferme. Jeudi 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a infligé à Nicolas Sarkozy une peine de cinq ans d’emprisonnement, assortie d’un mandat de dépôt à effet différé et d’une exécution provisoire, pour association de malfaiteurs dans le cadre du dossier du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007.
Cette décision, historique par sa portée politique, vient clore douze années d’enquête et de rebondissements judiciaires autour d’un système présumé de corruption impliquant l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Un ancien président face à la justice
Tout au long de la procédure, Nicolas Sarkozy a nié avec constance les accusations portées contre lui, dénonçant une affaire montée de toutes pièces. À l’annonce du verdict, l’ancien chef de l’État n’a pas caché sa colère. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, il a fustigé une justice qu’il accuse d’avoir « violé toutes les limites de l’État de droit », promettant de ne « jamais céder face au mensonge, au complot et à l’insulte ».
Ces propos, tenus quelques heures seulement après la condamnation, ont rapidement provoqué un véritable séisme dans le monde judiciaire.
Une nouvelle plainte déposée par des avocats
Mercredi, dix-huit avocats, représentés par Me Giusti, ont déposé plainte contre Nicolas Sarkozy, estimant que ses déclarations portaient atteinte à la crédibilité de la justice française.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, les plaignants dénoncent des paroles qui, selon eux, « constituent un acte délibéré de discrédit jeté sur l’institution judiciaire » et sont « de nature à fragiliser la confiance des citoyens dans l’impartialité et l’indépendance de la justice ».
Cette démarche, rare mais symbolique, illustre la tension grandissante entre l’ancien président et la magistrature, alors même que plusieurs autres procédures le concernant sont encore en cours.
Une affaire aux répercussions politiques considérables
La condamnation de Nicolas Sarkozy ne marque pas seulement un tournant judiciaire, mais également un choc politique majeur. Figure emblématique de la droite française, l’ancien président conserve encore une influence au sein de son camp, notamment auprès de certains responsables des Républicains.
Ses partisans dénoncent une justice politisée, tandis que ses détracteurs saluent une décision qui démontre que « nul n’est au-dessus des lois ».
Dans les prochains jours, les avocats de Nicolas Sarkozy devraient faire appel de la décision. En attendant, cette nouvelle plainte vient encore alourdir le climat autour de l’ex-chef de l’État, désormais rattrapé par une affaire qui, près de vingt ans après les faits présumés, continue d’ébranler la vie politique française.
Fabrice Tomazzy Chandor
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