Bun Hay Mean : la fin d’un humoriste engagé et inoubliable

11/07/2025 L’artiste, connu pour son humour percutant et fédérateur, laisse derrière lui une carrière riche et des fans endeuillés.

Bun Hay Mean : la fin d’un humoriste engagé et inoubliable
Bun Hay Mean : la fin d’un humoriste engagé et inoubliable

L'humoriste Bun Hay Mean, connu dans ses débuts sous le nom de scène « le Chinois marrant », a été retrouvé mort le jeudi 10 juillet à Paris, au pied d’un immeuble. L’information, relayée dans un premier temps par Le Parisien, a ensuite été confirmée par le parquet de Paris. Une enquête a été ouverte afin de faire toute la lumière sur les circonstances de son décès.

Dans un message particulièrement émouvant, son producteur Philippe Delmas a révélé les premiers éléments entourant ce tragique accident. Selon lui, l’artiste aurait perdu l’équilibre en essayant de récupérer son téléphone tombé dans une gouttière, ce qui aurait entraîné une chute fatale depuis son balcon, peu avant un départ prévu.

Artiste d'origine sino-cambodgienne, Bun Hay Mean s’était fait remarquer en 2014 en intégrant la scène du Jamel Comedy Club. Il s’était rapidement démarqué grâce à un humour incisif, souvent centré sur les clichés raciaux, culturels ou religieux. Il usait de l’autodérision pour déconstruire les stéréotypes, en particulier ceux qui visaient les personnes asiatiques, sa propre communauté incluse.

Tout au long de sa carrière, il avait proposé trois spectacles de stand-up très bien accueillis par le public. Il avait également fait ses preuves au cinéma : on se souvient de son rôle dans Problemos d’Éric Judor en 2017, ou encore dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu réalisé par Guillaume Canet, sorti en 2023, où il jouait le personnage de Deng Tsin Qin. En 2024, il figurait au casting du film Les Chèvres ! de Fred Cavayé, aux côtés de Dany Boon et Jérôme Commandeur.

Né en 1981 sur le sol français, il était le fils de réfugiés – son père venant de Chine, sa mère du Cambodge – ayant fui le régime de Pol Pot et trouvé refuge dans la région bordelaise. Bun Hay Mean évoquait souvent son enfance marquée par la solitude et la différence, se décrivant comme « le seul Chinois de sa classe ». Adolescente, une amie l’avait inscrit à une soirée de slam où il avait pris conscience de sa capacité à faire rire les autres. Ce moment a été déterminant dans son orientation artistique.

Souhaitant d’abord honorer la volonté paternelle, il obtient un diplôme universitaire en informatique avant de quitter Bordeaux à 24 ans pour se lancer à plein temps dans le monde du spectacle.

Hospitalisé brièvement en juin dernier, rien ne laissait présager un tel drame. Sa disparition brutale laisse une empreinte douloureuse dans l’univers de l’humour français, où il s’était imposé comme une voix singulière et puissante.

Fabrice Tomazzy Chandor

Photo DR